26/06/2025
Fermeture de robinets sur le mauvais réacteur : les informations de la CLI de Golfech
Des robinets sur un des circuits de refroidissement de secours du réacteur n°1 de Golfech ont été fermés, alors que cette action était prévue sur le réacteur n°2 en arrêt.
Dimanche 15 juin, à la centrale nucléaire de Golfech, des robinets sur un des circuits de refroidissement de secours du réacteur n°1 ont été fermés, rendant indisponible 2 pompes d’alimentation en eau. Cette action était prévue sur le réacteur n°2 en arrêt dans le cadre de sa visite décennale, afin de réaliser des activités de maintenance.
Même si le circuit de refroidissement concerné est doublé avec 2 autres pompes qui étaient disponibles, et que d’autres dispositifs permettent d’accomplir la fonction de refroidissement, la CLI de Golfech a questionné EDF. Voici les informations importantes à retenir.
Les mauvaises positions de ces robinets sont-elles détectables en salle de commande par une alarme ?
La position de ces robinets n’est pas visible en salle de contrôle. Cependant, chaque semaine, les pompes à eau alimentées par ces robinets sont testées, ce qui permet de détecter tout dysfonctionnement.
Sur le réacteur n°2, en arrêt pour sa 3ème visite décennale, comment les activités de maintenance ont pu être réalisées en toute sécurité puisque les robinets n’étaient pas condamnés ?
Sur le réacteur n°2 en arrêt, les robinets avaient bien été fermés précédemment mais pas condamnés (pose d’un cadenas pour que le robinet ne puisse pas être réouvert). Les alimentations électriques des pompes étaient bien condamnées afin qu’elles ne puissent pas être démarrées. Les opérations prévues sur le réacteur n°2 ont donc été réalisées sans risque pour les intervenants.
Où se situe ces robinets et ces pompes ? Sur quel circuit de refroidissement ?
Plusieurs circuits participent au refroidissement des installations nucléaires, que ce soit en fonctionnement normal ou en cas d’accident. Le plus connu des circuits de refroidissement d’un réacteur nucléaire est la tour aéroréfrigérante, qui permet d’évacuer la chaleur résiduelle issue de la fission nucléaire. L’eau de Garonne est utilisée pour refroidir la vapeur en provenance des turbines électriques via des échangeurs de chaleur. La différence de température créer un nuage de vapeur qui est évacué par la tour aéroréfrigérante.
La tour aéroréfrigérante : principal système de refroidissement d’un réacteur nucléaire. Crédit photo : CLI de Golfech. Photo des 2 tours aéroréfrigérantes de la centrale nucléaire de Golfech.
Les robinets qui ont été manœuvrés se situent sur un circuit auxiliaire : le circuit d’eau brute secourue. Le circuit d’eau brute secourue pompe lui aussi de l’eau dans la Garonne pour participer au refroidissement, non pas du réacteur nucléaire en fonctionnement, mais de plusieurs dispositifs de sûreté en lien avec le refroidissement du réacteur à l’arrêt, et en cas d’accident, du circuit d’injection de sécurité, du circuit d’aspersion de l’enceinte, des circuits de ventilation, etc.
Schéma des principaux circuits auxiliaires et de sauvegarde d’un réacteur nucléaire. Le circuit d’eau brute secourue (SEC) est en bas à droite, entouré en rouge. Source : https://www.irsn.fr/savoir-comprendre/surete/composants-dun-reacteur-detail / Didier Jacquemain / IRSN
« Son rôle (le circuit d’eau brute secourue) vis-à-vis de la sûreté est de permettre l’évacuation de la puissance résiduelle du combustible dans certaines situations post-accidentelles (accident de perte de réfrigérant primaire, rupture de tuyauterie vapeur) et lors de la mise et du maintien en arrêt à froid du réacteur. Il contribue également, en fonctionnement normal et en cas de mise à l’arrêt du réacteur, au refroidissement d’un certain nombre d’autres équipements tels que les pompes du circuit primaire ou la piscine de stockage du combustible. »
Source : https://www.irsn.fr/savoir-comprendre/surete/composants-dun-reacteur-detail
> Le circuit d’eau brute secourue est constitué de deux lignes redondantes, comportant chacune deux pompes et deux échangeurs. Chacune de ces lignes est capable d’assurer seule l’évacuation de la chaleur.
> A savoir : le principe de redondance est largement déployé dans les centrales nucléaires Françaises. Les équipements et les circuits sont doublés afin d’améliorer la sûreté.
Quels sont les impacts sur le fonctionnement du réacteur n°1 et les risques pour les populations ?
L’événement a été déclaré au niveau INES 1, ce qui signifie qu’il s’agit d’une anomalie et pas d’un incident ni d’un accident. Il n’a eu aucun rejet radioactif, donc aucune conséquence ni sur les populations, ni sur l‘environnement, ni sur les travailleurs, et aucun impact sur le réacteur en fonctionnement.
C’est un non-respect des règles de sûreté nucléaire, sans conséquence, mais important d’un point de vue de la sûreté.
La CLI de Golfech sera très vigilante à l’étude de cet évènement pour identifier précisément ses origines, notamment via sa commission « Facteurs Sociaux, Organisationnels et Humains ».
Echelle internationale INES qui permet de classer les évènements de sûreté d’origine nucléaire. Source : https://laradioactivite.com/articles/energie_nucleaire/lechelleines
Lien vers la communication d’EDF sur cet évènement de sûreté : https://www.edf.fr/la-centrale-nucleaire-de-golfech/les-actualites-de-la-centrale-nucleaire-de-golfech/declaration-d-un-evenement-significatif-de-surete-en-raison-de-la-detection-tardive-de-la-fermeture-non-prevue-de-robinets
La CLI de Golfech, c’est quoi ?
La Commission Locale d’Information de Golfech est une association indépendante, confortée par la loi TSN (Transparence et Sécurité Nucléaire). Elle est chargée d’une mission générale de suivi, d’information et de concertation en matière de sûreté nucléaire, de radioprotection et d’impact des activités nucléaires sur les populations et l’environnement. Ses 3 piliers sont l’indépendance, la transparence de l’information et la neutralité. Plus d’informations sur www.cligolfech.org ou en recherchant CLI Golfech sur Facebook, Instagram ou Linkedin.